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476. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

L’amour est en effet le sujet auquel il a consacré une grande partie de ses ouvrages : mais il est un peu étrange qu’il n’ait pas cru devoir, dans aucune circonstance, nous apprendre le nom de sa maîtresse ; il n’a pas même voulu lui donner un nom poétique, et satisfaire au moins jusque-là notre curiosité. […] Cette passion devint le sujet habituel de ses vers, et il nous reste de lui un nombre considérable de sonnets de canzoni, et d’autres compositions poétiques, dans lesquels, à l’exemple de Pétrarque, tantôt il célèbre la beauté de sa maîtresse et les qualités de son esprit en général, tantôt il s’arrête sur une des perfections particulières de sa figure ou de son âme, d’autres fois il s’attache à décrire les effets de sa passion ; il les peint et les analyse avec toute la finesse et toute la grâce possibles, jointes à une grande perfection de poésie et quelquefois même à une philosophie profonde. […] On peut juger, d’après le récit qu’il a fait de l’origine de sa passion, que Lucretia était la maîtresse du poëte, et non de l’homme : il cherchait un objet propre à fixer ses idées, à leur donner la force et l’effet nécessaires à la perfection de ses productions poétiques, et il trouva dans Lucretia un sujet convenable à ses vues, et digne de ses louanges ; mais il s’arrêta à ce degré de réalité, et laissa à son imagination le soin d’embellir et d’orner l’idole à son gré. […] Voici cette première production poétique de l’amour de Laurent: Lasso a me, quando io son la dove sia Quell’ angelico, altero e dolce volto, Il freddo sangue intorno al core accolto Lascia senza color la faccia mia: Poi mirando la sua, mi par si pia Ch’ io prendo ardire, e torna il valor tolto, Amor ne’ raggi de’ begli occhi involto Mostra al mio tristo cor la cieca via ; E parlandogli alhor, dice, io ti giuro Pel santo lume di questi occhi belli Del mio stral forza, e del mio regno onore, Ch’ io saro sempre teco ; e ti assicuro Esser vera pieta che mostran quelli: Credogli lasso !

477. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

. — Pour quoi le succulent gnômique de l’Art poétique et délicieux chanteur du Lutrin ; pour quoi l’immense Baudelaire réalise des critiques de premier ordre ; pour quoi tant d’extravagances dans Shakespeare de ce dadais épique de Hugo, n’empêchent qu’on ne le déguste avec plus de plaisir et de fruit que l’œuvre entier du petit bonhomme envieux, Sainte-Beuve, consacré tout à rapetisser les Lettres. […] Quant aux grands magazines… eh bien, les Français qui voudraient être renseignés sur le mouvement poétique des quinze dernières années n’auront qu’à apprendre l’espagnol, pour lire les articles impartiaux, intelligents, documentés, que le bon poète et romancier Francisco Contreras publie dans les magazines de l’Amérique du Sud. […] Critique de doctrine d’un Lasserre, incisive d’un Billy, poétique et lettrée d’un Henri de Régnier et d’un Mauclair, analytique d’un Le Cardonnel, d’un Thérive, d’un Pierre Lièvre, fragmentaire mais utile d’Orion et de Messieurs les Treize m’apparaissent les symptômes excellents de cet effort méritoire. […] Mandin nous exhorte à apprendre l’espagnol pour lire, dans les magazines de l’Amérique du Sud, « les articles impartiaux, intelligents, documentés, que le bon poète et romancier Francisco Contreras publie » sur le mouvement poétique dans la France contemporaine.

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