Depuis sa mort, ce Villon qui avait frisé la potence, considéré comme l’un des pères de la poésie, s’est vu, à chaque reprise et à chaque renaissance littéraire, recherché des meilleurs et salué. […] Plus d’un siècle après, Boileau lui faisait l’honneur de commencer par lui l’histoire, nécessairement très écourtée, qu’il donnait de notre ancienne poésie. […] On ne saurait la chercher dans une forme de poésie qui lui aurait été propre : il n’a rien inventé en ce genre, et la ballade, dont il use si bien, florissait avant lui depuis plus d’un siècle. […] [NdA] Les curieux qui pourront mettre la main sur un petit volume de poésies, Les Legs de Marc-Antoine le bohème (Paris, chez Masgana, 1858) sauront ce que je veux dire. […] Édélestand du Méril, les Poésies populaires latines du Moyen Âge (1847).
Prenez Pétrarque, par exemple, le père de la Renaissance et le prince aussi de la poésie moderne (on ne rendait pas alors pleine justice à Dante) ; Pétrarque lui-même, en tant que poète toscan, est intraduisible. C’est ce côté intraduisible des poètes et des grands écrivains, historiens ou orateurs, que Du Bellay voudrait conférer comme marque et cachet d’originalité à notre propre idiome, à notre propre poésie. […] Il commence par avouer nettement qu’il ne se contente pas de ce qu’on a jusqu’ici, ni de la facilité de Marot, ni de la docte gravité d’Héroët : il estime qu’on peut en français davantage, et que notre poésie est capable d’un plus haut style. L’histoire qu’il essaye, à cette occasion, de tracer de notre ancienne poésie française est courte et défectueuse, comme le sera celle que plus tard donnera Boileau : le Roman de la Rose est son bout du monde. […] J’aurais aimé une poésie qui se ressouvînt et nous fît ressouvenir du voisinage de Bayard.