C’est une superbe débauche d’imagination, de philosophie et de poésie ; mais c’est une débauche. […] Ce qui dépopularisait, en effet, la poésie épique dans nos siècles nouveaux, c’était l’absence de réalité dans l’épopée. […] C’est la nature bien peinte, le cœur humain bien compris, la poésie, c’est-à-dire la beauté latente de la vie domestique bien chantée. […] Ici la poésie allemande redevient homérique sous la plume de Goethe. […] C’est la poésie édifiante, c’est la sainteté de l’amour portées par un grand poète à sa plus simple et à sa plus épique expression.
Sa poésie par là est étroite, chétive, étouffée : on n’y voit pas un miroir large et pur de la nature dans sa grandeur, la force et la plénitude de sa vie : ses tableaux manquent d’air et de lointains fuyants. […] « En effet, la vie est longue, et avant que la poésie, « cette maîtresse jalouse et qui ne veut guère de partage », songeât à s’enfuir, il s’écoula encore bien du temps. […] Je lui inspirai quelques doutes sur son incrédulité ; et lui jetait, en fait de musique, d’arts et de poésie, beaucoup d’éclairs sur mon ignorance. […] Né à Mantoue, n’ayant eu d’autre maître de poésie que la nature agreste de la Lombardie, il commence tout jeune ses Églogues, qui sont aussi ses chefs-d’œuvre. […] De bonne heure il conçut l’idée de naturaliser dans la littérature et la poésie romaine certaines grâces et beautés de la poésie grecque, qui n’avaient pas encore reçu en latin tout leur agrément et tout leur poli, même après Catulle et après Lucrèce.