Derrière les chiffres, les noms et les dates qui s’accumulent sur un de ces livrets, il sous-entend tout un poème d’aventures et de misères : les premières années passées la poitrine au vent, en haut d’un mât de navire, sans souci de rien ; les années plus troublées où l’amour naissant se traduit tantôt en ivresses brutales et tantôt en rêves naïvement purs ; les éveils terribles du cœur et des sens, les grandes révoltes, le retour à la vie ascétique du large.
C’est le poète japonais Nakamaro, devenu ministre en Chine, qui a fait, en sa nouvelle patrie, un poème où il dit que, lorsque son âme se promène dans le ciel et qu’il voit cette lune qu’il a vue aux flancs de la montagne de Mikasa, près de Kasouga, cette lune le console, lui fait oublier les misères de l’existence, lui rappelle son Japon, — une pièce qui fut cause de sa disgrâce, par le témoignage qu’elle apportait de son attachement pour son ancienne patrie.