Le maréchal Ney, auquel il s’adressa ensuite, eut l’honneur le premier de le comprendre, de l’accueillir ; non seulement il lui avança des fonds pour l’impression de son livre, mais il lui offrit de l’emmener au camp de Boulogne comme volontaire, lui promettant de le faire nommer plus tard son aide de camp. […] C’était, selon lui, « l’unique moyen de poser le grand problème, de manière à le résoudre. » Son esprit juste, son jugement essentiellement modéré, en rabattront assez plus tard et bientôt, dès après Iéna et à partir d’Eylau, dès qu’il verra poindre et sortir les fautes et les exagérations du système nouveau et du génie qui l’avait conçu ; il dira alors, en rentrant dans la parfaite vérité : « Loin de moi la pensée de décider si le roi légitime de la Prusse, ne voulant que défendre son trône et son pays, pouvait provoquer, dès 1756, cette révolution immense dans l’art militaire qu’un soldat audacieux autant qu’habile introduisit, quarante ans après, par la force des événements qui l’entraînait !
Quand mes œuvres parurent en livre, il contribua beaucoup à les répandre : la diversité de nos vocations nous sépara plus tard, il était entré au séminaire et moi dans le monde des affaires. […] Le duc ne rentra lui-même à Besançon que quelques mois plus tard ; il y fut reçu avec suspicion et inquiétude.