Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, marquis et plus tard duc d’Antin, né vers 1665, était fils de Mme de Montespan, et, ce qui fit longtemps son désespoir, il était fils de son père, c’est-à-dire de M. de Montespan, et non pas de Louis XIV ; il était le fils unique né dans le mariage, et avant que Mme de Montespan entrât au lit de Jupiter pour lui donner des demi-dieux. […] D’Antin, de bonne heure, fut un embarras et un inconvénient pour Mme de Montespan ; il fut plus tard son remords et sa pénitence, et elle revint à lui comme mère quand elle voulut se mortifier. […] Il est en habit du matin, chapeau à trois cornes, debout dans une des allées de Versailles ; beau, fin, délicat de visage, élégant de taille, de port, de geste, la jambe bien faite ; c’est un très joli portrait, et qui contraste agréablement avec celui que Rigaud fit plus tard du grand seigneur, du duc et pair arrivé au faîte des honneurs, dans toute la maturité et dans toutes les largesses de la vie, portrait à grand fracas, à perruque solennelle, où la cuirasse et l’armure sont à demi noyées sous l’hermine, mais où la physionomie plus pleine exprime bien de la force et de la beauté. […] Après avoir essayé de tous les raisonnements à la Sénèque, après s’être proposé des perspectives de loisir riant comme Atticus, d’Antin pose la plume pour cette fois, et il ne la reprend que quinze mois plus tard en revenant aux mêmes lieux, à ce château de Bellegarde ; mais quel changement dans l’intervalle ! […] On a raconté aussi que plus tard, dans un séjour de Louis XIV à Fontainebleau, le roi ayant blâmé un bois qui masquait la vue, la même scène se renouvela avec quelque variante : peu de jours après l’observation du roi, d’Antin, alors directeur des Bâtiments, avait préparé avec art son coup de théâtre : il avait fait scier tous les arbres près de la racine ; des cordes étaient attachées aux troncs, et toute une armée de bûcherons invisibles attendait en silence.
Plus tard elle en retrouvait la trace et l’action naissante dans les souvenirs les plus lointains de sa vie. […] Cette théorie paraît bien simple et bien grande, par comparaison surtout avec ce qui s’est vu plus tard. […] Quoi qu’on en ait dit plus tard, elle n’y réussit jamais complètement. […] Car, plus tard, lorsque sa femme le trahit, c’est religieusement, si je puis dire. […] C’était véritablement le triomphe de ce qu’on a nommé plus tard l’inconscient dans le talent ou dans le génie.