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494. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Voici le début de cette lettre du 17 avril 1775 : « Le plaisir que j’ai eu à causer avec vous, monsieur, doit bien vous répondre de celui que m’a fait votre lettre. […] Elle avait besoin d’être pressée, et j’avais le plaisir de voir qu’elle prenait souvent le bon parti… » Voilà la véritable Marie-Antoinette, celle, à l’origine, dont la personne avait du charme, mais dont l’esprit n’avait certes rien du prodige. […] Il est au fond assez naturel que cette princesse qui, étant arrivée si jeune en France, a pris tout à fait le ton et les goûts de la nation, cherche et trouve du plaisir à la fréquentation de ce qu’on appelle dans ce pays-là bonne compagnie. […] Il le faut tel qu’il l’a pour rester sans ambition à une grande et tumultueuse Cour ; vos bontés seules l’attachent. » — Et le 31 août suivant, en post-scriptum : « Ce que vous avez fait pour l’abbé de Vermond me fait un plaisir infini et vous fait honneur. » A quoi Marie-Antoinette répond le 19 septembre : « L’abbé est bien sensible à la bonté de ma chère maman.

495. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Je ferai donc de lui, sans plus de façon, une espèce de Camille Desmoulins du romantisme (ne demandez à ma comparaison qu’un à-peu-près), hasardeux, téméraire, immodéré à plaisir et même dévergondé de plume comme l’autre, — dévergondé de sang-froid, j’en ai peur, affectant comme par gageure plus d’un terme sans-culotte, mais extrêmement spirituel, et qui plus est (tous l’affirment) très-bon compagnon. […] Je n’admettrai jamais qu’en poésie (autrement qu’une fois par hasard et comme tour de force) on se mette à peindre des pots cassés, des chaudrons, ou, si vous voulez, des porcelaines, uniquement pour le plaisir de les peindre. […] On y peut rire tant qu’on veut et prendre son plaisir, mais il ne faut pas avoir tellement l’air d’admirer. […] Nombre de pages qu’il y a semées et qui me reviennent à la fois, par exemple, sur Ronsard pédant et poëte, sur le paganisme d’art au xvie  siècle, sur ce que les Français ne sont pas une nation poétique, sur ce que les poëtes ne sont que rarement musiciens et réciproquement, etc., toutes ces pages se lisent avec plaisir et se retiennent ; elles sont suffisamment vraies ou auraient peu à faire pour le devenir.

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