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366. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

S’il prétend l’enfermer dans son passé, ce n’est pas qu’il lui laisse, là du moins, la place qui lui est due : bien au contraire, il l’y rapetisse à plaisir. […] Et quant à Charlet, si spirituel, mais qu’on grandit à plaisir, une remarque est à faire, qui touche à cette clé du jugement de certains critiques. […] F. de ceux qui ne cherchent dans la peinture que leur plaisir ! […] Or, il arriva qu’en voulant préluder au concerto de Weber, je me laissai entraîner, sans m’en apercevoir, à la fantaisie ; tout à coup je songeai que je ferai plaisir à Vernet en prenant ces deux thèmes, et je me mis à les travailler pendant un moment avec fougue. […] Il faut, à la vérité, que je me recueille avant mon improvisation, mais je la ferai. » Je consentis de très-grand cœur, et je ne puis vous dire combien je fus heureux en voyant que mon jeu lui avait fait réellement tant de plaisir.

367. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Elle me dit que je lui faisais plaisir, et je ne l’ai quittée et ne lui ai souhaité la bonne nuit que lorsque ses femmes eurent refermé les rideaux et que la foule fut sortie. […] il avait secoué poudre et perruque ; il parut à la Cour dans cet état naturel ; ce que le duc de Luynes a eu soin de noter dans son journal : « Jeudi dernier (21 décembre) M. le maréchal de Saxe arriva ici (à Versailles) ; il porte présentement ses cheveux qui lui donnent l’air plus jeune. » Revenu à Chambord à la paix et y passant le plus de temps qu’il pouvait pendant les deux dernières années, y menant un train de prince, il se livrait à la chasse, aux plaisirs, à tous les exercices violents. […] Que le maréchal de Saxe ait aimé plus ou moins les plaisirs, cela ne regarderait que lui, s’il n’en avait trop usé pour abréger une existence glorieuse et utile au pays. […] Il s’est tué d’intempérance et par les plaisirs. […] Mais l’auteur de la Chercheuse d’esprit n’avait jamais cherché qu’à vivre ; il était cynique ; et, quoiqu’il eût du talent, il dédaignait toute espèce de réputation : c’était fort commode à l’abbé de Voisenon, qui précisément, enchanté par Mme Favart, était parvenu à l’ensorceler au point de lui faire adopter quelques-unes de ses idées et tous ses scrupules, de manière que, lorsqu’on était devenu familier dans la maison, voici le plaisir que Mme Favart vous procurait.

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