Un ambitieux peut quelquefois préférer les plaisirs de l’amitié, les avantages de l’estime, à telle ou telle partie du pouvoir ; mais dans l’esprit de parti il n’y a rien que d’absolu, parce qu’il n’y a rien de réel, et que la comparaison se faisant toujours du connu à l’inconnu ; de ce qui a une borne, à ce qui est indéfini, ne permet jamais d’hésiter entre cette incommensurable espérance, et quelque bien temporel que ce puisse être. […] Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres.
La tendance positive et pratique de la race s’affirme ; la grande affaire est le plaisir. […] Dans le lyrisme savant, en résumé, rien n’est populaire, ni fond, ni forme ; par le raffinement des pensées, par l’artifice des vers, ces œuvres procèdent d’une essentielle aversion pour le vulgaire naturel : au bon sens, elles substituent l’esprit, et se proposent le plaisir d’une élite d’initiés, non l’universelle intelligibilité.