Dans un des voyages qu’elle fit de Cirey en Lorraine, elle n’eut pas de peine à le distinguer dans ce joli et gracieux monde, et elle écrivait de Commercy à d’Argental, qui était alors à Plombières (30 juillet 1748) : Je ne puis me refuser de vous envoyer des vers d’un homme de notre société (Saint-Lambert) que vous connaissez déjà par l’Épître à Chloé ; je suis persuadée qu’ils vous plairont. […] Un jour, la fille du poète Roucher, écrivant à son père alors sous les verrous, relevait avec une sagacité remarquable et un sentiment de préférence filiale bien permis les défauts de la traduction de Delille au début des Géorgiques : « Mais d’un autre côté, répondait à sa fille l’honnête Roucher, tu ne me parais pas rendre toute la justice qui est due à sa grâce, à son harmonie, à ce je ne sais quoi qui plaît, même dans sa manière française, aux amateurs impartiaux de l’Antiquité. » On voit que je tiens à accorder à Delille tout ce qui se peut raisonnablement.
M. d’Argenson l’aîné fut d’abord traité par le monde comme il l’avait été par son père, et on l’avait surnommé d’Argenson la bête pour le distinguer de son frère l’homme d’esprit : il n’était que sérieux, réfléchi, et plus occupé d’être que de paraître, tandis que son frère était tout entier tourné à percer et à plaire. […] D’Argenson se plaît donc à relever les éloges qu’il a entendu faire de son père au cardinal de Fleury et à d’autres qui autrefois étaient peu de ses amis, et cela le remettant en veine filiale, il trace à diverses reprises des esquisses vigoureuses et franches de cette figure où le sourcil redoutable recouvrait tant de qualités diverses, et une riche ou même une aimable nature.