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1499. (1911) Nos directions

Mais il vécut si solitaire, si dénué de théories, si absorbé par le culte exclusif de la beauté, que parmi ses contemporains on ne sait lui donner de place. […] Sur la place, la ville entière rassemblée, par ses avis divers, se révélait. […] Il justifie la place du jeune homme dans le ballet, de sa grâce plus pleine, plus diverse et plus intellectuelle, au milieu de l’enchantement féminin. […] Enfin nous en tombons d’accord, voici mots et jeux de mots à leur place. […] Et lorsque s’élancent ainsi Hugo, ou Gautier, ou Banville, les voilà bien vite lassés de courir en cercle, sur place, — et nous aussi qui les suivons.

1500. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Nous n’en éprouvons aucune aujourd’hui sans lui assigner une place. Sitôt que nous avons une impression de froid, de chaud, de douleur, de contact, de contraction musculaire, de saveur, d’odeur, nous pouvons indiquer plus ou moins précisément l’endroit où nous l’éprouvons : c’est à la main, à la joue, au milieu du bras, dans le nez, sur la langue. — Ce jugement n’est séparé par aucun intervalle appréciable de la sensation elle-même ; nous sommes même tentés de croire que les deux événements n’en font qu’un, et que, du même coup, nous remarquons à la fois l’élancement douloureux et sa place. […] Quand les nerfs subsistants deviennent douloureux, ils ont plus de peine encore à redresser leur erreur ; tel, au bout de huit mois, avait besoin, pour se détromper, de tâter pendant la nuit et de regarder pendant le jour la place laissée vide par l’amputation de son bras gauche. — Il est clair que, dans tous ces cas, la sensation d’élancement, d’engourdissement, de fourmillement, de douleur, n’est pas située dans le membre absent ; donc la même sensation n’y est pas située non plus lorsque le membre est présent ; ainsi, dans les deux cas, à l’état normal et à l’état anormal, la sensation n’a pas l’emplacement que nous lui attribuons ; elle est ailleurs ; ce n’est pas elle, c’est un ébranlement nerveux qui, à l’état normal, occupe l’endroit où elle semble être. […] Cette relation symbolique, étant beaucoup plus courte, prend ordinairement dans l’esprit la place de ce qu’elle symbolise. […] Si l’ébranlement nerveux qui provoque la douleur change effectivement de place, la douleur semble changer de place ; les différences d’emplacement que le jugement ordinaire suppose à tort entre deux sensations sont précisément les différences d’emplacement que l’expérience physiologique établit avec raison entre les points de départ des deux ébranlements nerveux correspondants. — Ainsi notre esprit touche juste en visant mal, et ce que nous disons par erreur de nos sensations s’applique avec une exactitude presque absolue et presque constante à l’ébranlement nerveux qui leur est lié.

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