La pièce, commentée et envenimée par Le Tellier et Colbert, zélés pour la mémoire du cardinal, irrita Louis XIV, qui condamna l’auteur à la Bastille. […] Son idéal pourtant à lui, c’était le temps de la régence d’Anne d’Autriche, avant la Fronde, de 1643 à 1648 : il a chanté cet heureux temps dans ses stances les plus passables : J’ai vu le temps de la bonne Régence… Sa pièce la plus jolie et la plus citée est la Conversation du Père Canaye et du maréchal d’Hocquincourt. […] On a voulu lui contester cette pièce : elle est sûrement de lui, car elle est suivie d’une autre Conversation de Saint-Évremond avec un de ses amis à la fois Anglais et Français, M. d’Aubigny, dans laquelle les Jansénistes sont presque aussi bien drapés que les Jésuites l’étaient dans la précédente, et qui est donnée comme la revanche de celle-ci. […] Bon nombre de ces pièces, en effet, coururent manuscrites longtemps avant d’être recueillies et le plus souvent volées par un libraire. […] Saint-Évremond, qui vécut près de quarante ans en Angleterre, n’entendait point l’anglais ; c’étaient ses amis, le duc de Buckingham et M. d’Aubigny, qui lui expliquaient les meilleures pièces anglaises, et naturellement ils ne lui parlaient que du théâtre du jour.
Puis, ce sont des pièces d’amour. […] Il n’y a pas une seule pièce dans Toute la Lyre, qui ne rappelle des pages, je ne dis pas analogues, mais parfaitement semblables, de chacun des recueils précédents. […] Mon impression, à moi, qui ai lu tout Victor Hugo comme toi, et assez récemment, c’est que Toute la Lyre est une collection d’épreuves ratées ; sauf trois ou quatre exceptions, guère plus, chaque pièce me rappelle un équivalent, un « original » supérieur. […] La pièce qui ouvre Toute la Lyre, et qui en rappelle quinze ou vingt autres, est peut-être la plus magistrale et la plus complète que Hugo ait écrite sur la Révolution. […] La preuve, c’est que Toute la Lyre se compose de pièces écrites par le poète aux diverses époques de sa vie, et que cependant l’unitéd’impression est parfaite, va presque jusqu’à l’ennui.