Au lieu de cette grosse explication qu’on a appelée longtemps la Nature, et dont Joseph de Maistre, notre Voltaire, à nous autres chrétiens, s’est moqué avec une gaieté si peu piémontaise, Michelet a parlé « d’animaux se faisant eux-mêmes et se faisant par pièces et morceaux », ce qui serait plus fin, à la vérité, si Michelet, en toute matière, ne pressait pas toujours le ressort jusqu’à ce que le grotesque jaillisse. […] En ce genre, ils firent des chefs-d’œuvre ; boule épineuse de l’oursin, conque tout à la fois ouverte et fermée de l’haliotide, enfin l’armure du crustacé à pièces articulées, perfection de la défense et terriblement offensive… Ce n’était pas tout, pourtant, — continue Michelet. — Qu’il vienne un être de libre audace qui méprise tous ces gens comme infirmes ou tardigrades, qui considère l’enveloppe comme chose subordonnée et concentre la force en soi » ; et ce malin-là, ce sera le poisson !!
Et maintenant, venons aux deux pièces où Molière a abordé la question religieuse. […] Ceux-là ont très bien jugé de Tartuffe qui en ont dit : « Ce n’est pas une pièce contre Tartuffe, c’est une pièce contre Orgon, puisque Tartuffe n’y est qu’odieux et qu’Orgon y est ridicule. […] Tartuffe est une pièce contre Orgon et non contre Tartuffe, puisque c’est Orgon qui est ridicule, tandis que Tartuffe n’est qu’odieux. […] Par tous ses aspects, par toutes ses tendances, par tout ce qu’il donne à entendre, sans qu’on sollicite les textes, le Tartuffe est la pièce antireligieuse, tout au moins la pièce anticléricale par excellence. […] Il détruira pièce par pièce la loi Briand considérée comme trop libérale et tenue pour seconde loi Falloux, et il réduira l’Église catholique à la situation qui était celle de l’Église protestante au xviiie siècle, comme c’est aussi son idéal.