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668. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

En mots vivants, précis, diaphanes, exacts et lumineux, en phrases limpides comme le cristal, d’une voix un peu sourde… sans fatigue ni trêve, il déroulait, trésor infini, ses nobles paradoxes. […] Et, pour la première fois, près de lui, on sentait, on touchait la réalité de la pensée ; ce que nous cherchions, ce que nous voulions, ce que nous adorions dans la vie existait ; un homme, ici, avait tout sacrifié à cela. » Avez-vous remarqué dans cette citation de Gide la phrase : « On trouvait là d’abord un grand silence ? 

669. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Bans le siècle de la prose même, dans le siècle le plus didactique qui fut jamais, des prosateurs comme Montesquieu et Rousseau touchèrent à la poésie, — maladroitement, il est vrai, mais ils y touchèrent… Ils touchèrent à cette reine, bienfaisante et non pas dangereuse, qui ne fait pas mourir, comme la reine de l’ancienne étiquette espagnole, ceux qui l’ont touchée ; et à tous les deux, Montesquieu et Rousseau, il est resté quelque chose de ce contact éphémère : à l’un, dans le brillant diamanté de sa phrase, travaillée comme un vers, à l’autre, dans la passion malade de son accent et son harmonieuse mélancolie. […] Malheureusement, Vigny oublia cela et se contenta de polir des phrases.

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