Samedi 9 février On cause à dîner, chez Daudet, de ce théâtre de Shakespeare, de ce théâtre hautement philosophique ; on parle de ces deux pièces de Macbeth et d’Hamlet d’une humanité si eschylienne, et dont le théâtre moderne n’a rien gardé, en son terre à terre d’aujourd’hui, et où les individualités sont si peu originales, si bourgeoisement petites. […] Il me serait peut-être donné de composer un volume, ou plutôt une série de notes, toutes spiritualistes, toutes philosophiques, et écrites dans l’ombre de la pensée.
Et, tout compte fait, il déclare que « ni la raison philosophique ni la culture artistique et littéraire…, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à le suppléer dans ce service. […] Il a tâché, dit-il, de se faire Grec avec Aristote, et il y paraît au tour de plusieurs de ses pages, qui se peuvent classer, je pense, parmi les plus parfaites de notre littérature philosophique. […] Il ne s’agit donc plus seulement de répondre aux sollicitations d’un idéal conçu par la raison philosophique, de contenter les exquises aspirations d’une âme affinée. […] Enfin que les vies d’abnégation et de sacrifice puissent être « duperie et illusion », qui donc l’a répété plus souvent que l’auteur des Drames philosophiques ?