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1087. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Job, après avoir touché le sommet du drame, remue le fond de la philosophie ; il montre, le premier, cette sublime démence de la sagesse qui, deux mille ans plus tard, de résignation se faisant sacrifice, sera la folie de la croix. […] Ajoutez à cela une merveilleuse intuition des faits intimes de l’esprit et une philosophie inépuisable en aspects qui semble posséder une carte nouvelle et complète du cœur humain. […] Cette philosophie se combine avec l’instinct comique et romanesque. […] Dans cette brume sacrée où se meut l’esprit allemand, Isidore de Séville met la théologie, Albert le Grand la scolastique, Hraban Maur la linguistique, Trithême l’astrologie, Ottnit la chevalerie, Reuchlin la vaste curiosité, Tutilo l’universalité, Stadianus la méthode, Luther l’examen, Albert Durer l’art, Leibnitz la science, Puffendorf le droit, Kant la philosophie, Fichte la métaphysique, Winckehnann l’archéologie, Herder l’esthétique, les Vossius, dont un, Gérard-Jean, était du Palatinat, l’érudition, Euler l’esprit d’intégration, Humboldt l’esprit de découverte, Niebuhr l’histoire, Gottfried de Strasbourg la fable, Hoffmann le rêve, Hegel le doute, Ancillon l’obéissance, Werner le fatalisme, Schiller l’enthousiasme, Gœthe l’indifférence, Arminius la liberté.

1088. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils ne se rendaient pas compte que ni les sociétés ni les individus ne se gouvernent d’après des principes abstraits, mais d’après des lois identiques à celles de la biologie ; que le moindre de ces individus est un organisme infiniment complexe, où se retrouvent pourtant les instincts vitaux d’ordre et d’harmonie qui font la dignité des créatures supérieures ; qu’un portefaix, comme un membre de l’Institut, a son intelligence, sa morale, voire sa philosophie et son esthétique, lesquelles dérivent des conditions de son être et de son état, et qu’il est absurde de nier chez lui les manifestations d’une mentalité qui n’est pas la nôtre, comme il serait puéril de vouloir lui en imposer une qui ne serait pas la sienne ? […] Rejetant tout système préconçu qui serait étranger à l’art, ne nous préoccupant ni des sciences ni des philosophies, nous tenterons d’étudier les êtres en eux-mêmes et dans leurs rapports vitaux avec leurs milieux. […] Cette conviction ne nous empêchera point d’être curieux, à notre manière, des sciences et des philosophies. […] Nous n’employons pas ce mot dans le sens de Nietzsche, dont nous n’aimons d’ailleurs ni la philosophie ni la littérature.

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