Bien longtemps les philosophes ont pensé qu’on pouvait étudier l’esprit en ne s’occupant que très peu de l’organisme dont il dépend. […] Lewes, de voir l’un des plus célèbres historiens philosophes de l’Angleterre, Buchle, soutenir qu’il n’y a dans les cas cités que des coïncidences empiriques, dont on peut faire ce qu’on veut269. […] L’identité du sujet et de l’objet, dans la sphère du connaissable, est, dit-il, généralement acceptée parmi les philosophes. […] Ayant ce caractère objectif et paraissant être la marque distinctive du non-moi, il est séparé par abstraction de la sensation ; cette abstraction est substantialisée, de sorte que les deux aspects deviennent deux entités qui ne servent qu’à embarrasser les philosophes.
Pour d’autres philosophes encore, comme Renouvier, c’est moins la reconnaissance des idées que la distinction des temps qui est constitutive du souvenir. […] Pour le philosophe qui généralise, si on laisse de côté la sensibilité et la conscience, la vie elle-même offre-t-elle extérieurement autre chose qu’un mécanisme perfectionné ? […] On le voit, dans le problème de la survivance des idées, nous sommes plus « mécaniste » que les partisans du mécanisme les mieux convaincus ; mais nous ne sommes pas exclusivement mécaniste, et nous ne saurions faire si bon marché de ce que les philosophes contemporains nomment « l’aspect mental ». […] Il est des philosophes qui déclarent la chose impossible et qui prétendent qu’on reproduit seulement les perceptions et états intellectuels concomitants, ainsi que les mots.