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2005. (1898) La cité antique

Les plus anciennes générations, bien avant qu’il y eût des philosophes, ont cru à une seconde existence après celle-ci. […] Ces généraux, élèves des philosophes, distinguaient peut-être l’âme du corps et comme ils ne croyaient pas que le sort de l’une fût attaché au sort de l’autre, il leur avait semblé qu’il importait assez peu à un cadavre de se décomposer dans la terre ou dans l’eau. […] Quant au Dieu du genre humain, quelques philosophes ont pu le deviner, les mystères d’Éleusis ont pu le faire entrevoir, aux plus intelligents de leurs initiés, mais le vulgaire n’y a jamais cru. […] Or, voici les premières lois qu’il écrit : « Que l’on n’approche des dieux qu’avec les mains pures ; — que l’on entretienne des temples des pères et la demeure des Lares domestiques ; — que les prêtres n’emploient dans les repas sacrés que les mets prescrits ; — que l’on rende aux dieux Mânes le culte qui leur est dû. » Assurément le philosophe romain se préoccupait peu de cette vieille religion des Lares et des Mânes ; mais il traçait un code à l’image des codes anciens, et il se croyait tenu d’y insérer les règles du culte.

2006. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

À ce titre, il est intéressant même pour le philosophe ; Wagner l’a compris à sa façon, et, s’en emparant, lui a donné, selon son habitude, une signification et une portée nouvelles. […] Le sentiment qui est au fond des vieux mythes sur le séjour de la joie sans mélange s’est retrouvé — tant il est vraiment humain — dans l’âme du poète philosophe qui, de nos jours, a essayé, sans recourir à ces mythes et sans les connaître, de donner, lui aussi, un corps à notre rêve de bonheur. […] Et le poète philosophe de nos jours ne trouve que vanité dans le rêve lui-même, tandis que pour le dramaturge la lutte entre l’enfer et le paradis devient la lutte entre deux formes de l’amour… C’est toujours, sous des masques différents, le même visage qui nous apparaît, le même sphinx qui nous fascine.

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