La genèse et le processus de cette Période poétique se situent ainsi généralement ; d’un temps de sensitivité singulière et d’adéquation multipliée aux phénomènes saisis par quelques-uns en une compréhension redevenue comme primitive et sacrée. […] Amassant détail à détail leurs composantes et leurs énergies de concentration et d’expansion (selon la loi à double action il laquelle il me paraît devoir ramener les phénomènes de tous ordres), deux Mouvements vont à s’accomplir, chacun en son unité propre, mais en même temps l’un et l’autre, évolutivement, est la progression d’une unité historique. […] Les trois Parties distinctes mais s’entrepénétrant (évolution de l’être et ses phénomènes de tous ordres, du Passé au Présent et au Futur), qui composent mon œuvre, dès lors s’inscrivaient. […] Fantaisie d’ailleurs, tout inconsciente, notant seulement de hasardeuses correspondances de sensations de ce Sonnet tant reproduit et qui servit longtemps aux critiques à dénaturer, par ignorance ou malin plaisir, le vrai sens de « l’Instrumentation verbale », Gustave Kahn, entre autres, a déduit comme moi que Rimbaud pouvait être « au courant des phénomènes d’audition colorée » que l’on avait un peu étudiés en Angleterre, et dit qu’on ne doit voir là qu’un « amusant paradoxe ». […] Ainsi, n’est-ce qu’en cette dernière édition que nous énoncions la loi que nous avions exprimée par l’Ellipse et à laquelle nous avions ramené les phénomènes de tous ordres : « loi à double action : condensation-expansion ».)
Douleur dans le présent, donc crime dans le passé, mais espérance et justice dans l’avenir : c’est ainsi que le cœur humain a senti, que l’esprit humain a raisonné ; et, recueillant avec joie dans l’univers entier tous les vestiges de son histoire, s’inspirant de la terre, des cieux, et de tous les phénomènes tels que l’homme les concevait alors, l’Humanité a bâti l’immense édifice du Christianisme, et elle y a vécu. […] Et ces phénomènes, que nous appelons mort, sont encore de la vie, de la vie à part, si je puis parler ainsi, mais de la vie ; car la mort absolue est une pure conception de notre esprit. […] Toute cette fermentation de la mort pour engendrer la vie, toute cette agitation inquiète et sombre, hagarde et comme insensée, qui a lieu à ces époques, principalement dans la sphère des idées politiques et dans l’art, peut tromper celui qui n’y regarde pas de près ; il peut prendre les phénomènes qui se passent sous ses yeux pour de la vie, son époque pour une époque semblable aux périodes antérieures. Mais celui qui contemple attentivement n’en prononce pas moins que c’est la mort du corps social, et sait en même temps que ces phénomènes sont nécessaires pour former l’unité nouvelle.