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674. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

J’ai vu de mon temps cette habitude cesser partout et à bon droit… Les seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient… Personne ne connaissant plus le seigneur dans ses terres, tout le monde le pille, et c’est bien fait52. » Partout, sauf en des coins écartés, l’affection, l’union des deux classes a disparu ; le berger s’est séparé du troupeau, et les pasteurs du peuple ont fini par être considérés comme ses parasites. […] À Sierk, près de Thionville, « la Chartreuse, disent les notables, est à tous égards pour nous l’arche du Seigneur ; c’est la principale ressource de plus de douze à quinze cents personnes qui viennent tous les jours de la semaine. […] Loin de défendre ses paysans, c’est à peine s’il peut se défendre lui-même, maintenir ses immunités, faire réduire sa capitation et ses vingtièmes, obtenir pour ses domestiques l’exemption de la milice, préserver sa personne, sa demeure, ses gens, sa chasse et sa pêche de l’usurpation universelle qui met aux mains de « Monseigneur l’intendant » et de MM. les subdélégués tous les biens et tous les droits  D’autant plus que bien souvent il est pauvre. […] Naturellement, toute pensée politique manque. « On ne peut imaginer, dit le manuscrit, personne plus indifférente pour toutes les affaires publiques. » Plus tard, au plus fort des événements les plus graves et qui les touchent par l’endroit le plus sensible, même apathie. […] Un procès-verbal prouve que dans la seule paroisse de Vaux, près de Meulan, les lapins des garennes voisines ont ravagé huit cents arpents cultivés et détruit une récolte de deux mille quatre cents setiers, c’est-à-dire la nourriture annuelle de huit cents personnes.

675. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

je me disais : « Allons-nous enfin avoir le dernier mot sur le xvie  siècle, que personne n’a dit, ce grand dernier mot ?  […] Les entrailles de ce faible, qui ne fut qu’un artiste, furent plus fortes que l’intelligence, et depuis lui, personne, parmi nous, n’a osé toucher sans épouvante à ce sujet, qui fait dire tant de sottises aux adversaires de l’Église et tant de lâchetés à ses défenseurs ! […] Par exemple, il a mieux vu que personne, jusqu’ici, dans la confusion des événements, la grandeur de Catherine de Médicis, pour laquelle il a fait ce qu’Urbain Legeay — cet historien d’initiative dont le livre nous frappa tant quand il parut — a fait récemment pour Louis XI1, ce Louis XI que Catherine de Médicis a continué, mais dans des circonstances encore plus grandes et plus funestes. […] Il est, dans l’ordre des historiens, comme certains hommes dans l’ordre de la politique, qui n’en voient que le jeu sans y mettre jamais leur personne. […] Forneron ne l’a pas dit, — ni Forneron, ni personne, — mais je le dirai, moi, car la chose vaut la peine d’être dite.

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