Ces personnages qu’« un mal mystérieux fait chanceler », selon le mot d’un critique, aux yeux d’insondable misère, que l’on sent faibles, las et sans espoir sous leurs gestes héroïques, révélateurs d’une telle inénergie, vieux même sous les traits de la jeunesse, c’est l’homme-type de la civilisation latine, le « représentative man » de l’humanité méditerranéenne. […] Philarète Chasles a également compris la signification profonde du personnage : « Le dernier représentant de l’élément romain parmi nous fut ce sublime organisateur disciplinaire, Napoléon, l’homme du Midi par excellence… C’est contre le monde germanique dont il prévoyait l’ascendant que Napoléon s’est armé ; il continuait ainsi Charlemagne qui a violemment suspendu la terrible invasion saxonne du i xe siècle.
Appelons-les des Romans épiques : ils le sont à la fois par leur longueur, par la manière dont les épisodes y sont rattachés au récit principal, par le caractère également invraisemblable et héroïque des aventures qui s’y passent, par la qualité souveraine ou princière des personnages qui en sont le support, par la fluidité continue du style, par le ton d’emphase qui le rehausse ou qui l’anime. […] Sur tous ces personnages, et sur le caractère de leurs œuvres, vous trouverez de nombreux renseignements pour les Espagnols, dans l’Histoire des Idées littéraires en Espagne au xviie siècle de M. […] En ce temps-là, c’est-à-dire aux environs de 1690, Fontenelle, à la vérité, n’était lui-même encore qu’un bel esprit, dont les Dialogues des Morts, L’Éloge de Corneille et les Entretiens sur la Pluralité des mondes étaient fort loin d’avoir fait le personnage considérable qu’il devait être un jour.