Lacordaire qu’on a perdu plus récemment ; les élections sont fixées, la première au 6 février, et la seconde au 20 du même mois. […] Mais n’y eût-il, après examen et débat contradictoire, d’autre résultat que de rester plus ferme chacun dans son opinion, et de donner satisfaction au public avec qui il faut toujours plus ou moins compter, ce ne serait pas avoir perdu son temps ni ses paroles. […] Mais la question romaine a perdu de sa fraîcheur, l’étoile de L’Ami de la Religion a pâli, M. de Carné est rentré dans son demi-jour, et il me paraît à présent errer comme une Ombre aux confins des deux élections. […] A-t-il gagné où perdu, comparé à ce qu’étaient ses ancêtres littéraires ?
Ces Ardennes, en effet, puissantes et vastes, ce grand lambeau subsistant des antiques forêts primitives, ces collines et ces vallées boisées qui recommencent sans cesse et où l’on ne redescend que pour remonter ensuite comme perdu dans l’uniformité de leurs plis, ces grands aspects mornes, tristes, pleins d’une vigueur majestueuse, ont-ils contribué en effet à remplir, à meubler de bonne heure l’imagination du jeune et grave enfant ? […] Il perdit son père âgé de quarante et un ans et quand lui-même n’en avait que douze. […] Il est d’une génération qui n’a pas perdu assez de temps à aller dans le monde, à vaguer çà et là et à écouter. […] Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.