Ils se sont plaints, ils ont réclamé, on a leurs lettres ; l’auteur seul n’aurait pas tout dit : Préparé à tout ce que l’on pourrait alléguer contre Werther, a dit Goethe en ses mémoires, je ne me fâchai pas de toutes les contradictions ; mais je n’avais pas pensé qu’une souffrance insupportable me serait réservée par des âmes bienveillantes et sympathiques : car au lieu de me dire d’abord sur mon petit livre quelque chose de non désobligeant, on voulait savoir avant tout ce qu’il y avait de réel dans les faits ; ce que je ne me souciais pas du tout de dire, et je m’en expliquai hautement d’une manière très peu aimable : car pour répondre à cette question, il m’aurait fallu remettre en pièces l’opuscule auquel j’avais si longtemps pensé pour donner à ses nombreux éléments une unité poétique, et j’aurais dû en détruire la forme de telle sorte que les véritables éléments constitutifs eux-mêmes, là où ils n’auraient pas été complètement anéantis, eussent été au moins défaits et dissous. […] En 1783, il eut l’idée de faire quelques changements à Werther : « J’ai repris dans des heures calmes mon Werther, et, sans toucher aux parties qui ont fait tant de sensation, je pense le hausser de quelques degrés.
On voit seulement dans les rapports de Suard que l’Académie se reconnaît et se présente très justement comme autorité plus grave et plus compétente, par opposition aux journalistes (ceux du premier Empire) qui étaient naturellement plus enclins à dénigrer les auteurs qu’à encourager les Lettres, et qui, pour la plupart, ne pensaient qu’à divertir le public. […] J’ai ouï dire à quelqu’un de nos anciens confrères, un peu trop attristé et de trop sinistre présage : « Nous serons les derniers des académiciens français. » Je ne le pense pas ; il y a de bonnes raisons pour que l’Académie subsiste ; mais il importe qu’en vivant elle se rajeunisse et qu’elle se maintienne dans un rapport vrai avec une société qui change. […] … J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !