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1421. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Avec quelle émotion commençant par le commencement, il entra dans le prétoire du tribunal de simple police d’un petit chef-lieu de quanton, je vous le laisse à penser. […] On dirait, ma parole, d’un Eden retrouvé, puéril, frais, chaste et néanmoins quelque peu sévère, ce qu’il fallait, je pense. […] Il y a là des vers naïfs : naïveté, ici, est fleur rare qu’il faut cueillir bien vite sans y penser trop, si vous m’en croyez. […] Je ne suis rien, moi, qu’un homme continuant l’œuvre qu’il pense avoir bien inaugurée et veut mener à fin au moins honorable — et honorée ! […] Devant le tribunal, ils furent formels et très affirmatifs sur le coup de revolver ainsi que vous le pensez bien.

1422. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Au fond, il pensait toujours comme lorsqu’il avait dit dans sa riante peinture des Fleurs : Pour être heureux, il ne faut qu’une amante, L’ombre des bois, les fleurs et le printemps. […] J’ai souvent pensé qu’un poëte élégiaque, qui, son amour une fois chanté, se tairait à jamais et obstinément, comme Gray, par exemple, agirait bien plus dans l’intérêt de sa gloire ; il se formerait autour de son œuvre je ne sais quoi de mystérieux, de conforme au genre et au sujet. […] J’ai quelquefois pensé que, si le Directoire avait pu se prolonger un peu honnêtement, il serait sorti de là une littérature plus originale, plus neuve que la plupart des soi-disant classiques du moment n’étaient à même de le soupçonner. […] On peut douter qu’il se fût jamais converti, même en voyant des preuves meilleures Il est au contraire très-aisé de soupçonner ce qu’il aurait pensé des tentatives et des élancements mystiques de la lyre nouvelle, et on croit d’ici l’entendre répéter et appliquer assez à propos à plus d’un poëte monarchique et religieux de 1824, à certains de nos beaux rêveurs langoureux et prophètes (s’il avait pu les voir), qui, en ce temps-là, mêlaient par trop le psaume à l’élégie et tranchaient du séraphin : Cher Saint-Esprit, vous avez de l’esprit, Mais cet esprit souvent touche à l’emphase : C’est un esprit qui court après la phrase, Qui veut trop dire, et presque rien ne dit. […] L’esprit qui pense et juge sainement, Qui parle peu, mais toujours clairement Et sans enflure, est l’esprit véritable.

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