Il est difficile de ne pas rester confondu d’étonnement, lorsqu’en ouvrant les Pensées du philosophe chrétien, on tombe sur les six chapitres où il traite de la nature de l’homme. […] Les métaphysiciens parlent de cette pensée abstraite, qui n’a aucune propriété de la matière, qui touche à tout sans se déplacer, qui vit d’elle-même, qui ne peut périr, parce qu’elle est indivisible, et qui prouve péremptoirement l’immortalité de l’âme : cette définition de la pensée semble avoir été suggérée aux métaphysiciens par les écrits de Pascal. Il y a un monument curieux de la philosophie chrétienne, et de la philosophie du jour : ce sont les Pensées de Pascal, commentées par les éditeurs165. […] La pensée est la même dans tous les siècles, mais elle est accompagnée plus particulièrement ou des arts ou des sciences : elle n’a toute sa grandeur poétique et toute sa beauté morale qu’avec les premiers. […] L’auteur des Pensées, se soumettant aux quatre laquais, est bien autrement philosophe que ces penseurs que les quatre laquais ont révoltés.
PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. […] On pourrait signaler bien des pensées ou même des pages inédites58. […] Aujourd’hui, il nous paraît bien facile de juger et de trancher des Pensées de Pascal ; en 1668, c’était un peu autrement. […] On a dit magnifiquement que bien des pensées de Pascal n’étaient que des strophes d’un Byron chrétien : c’est d’aujourd’hui surtout que ce mot se vérifie. […] Il y a des chapitres où l’astérisque, signe placé par l’éditeur en tête des pensées inédites, reparaît à chaque instant.