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1794. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Pour des raisons politiques, dogmatiques ou d’intérêt personnel le directeur de la publication où essaierait d’écrire Sainte-Beuve, attenterait plus d’une fois à la liberté de sa pensée. […] En effet, passez cinq ans, dix ans, à faire une œuvre pensée, méditée, intensément sentie, où vous aurez mis tout votre cœur, toute votre flamme, tout votre art, et vous aurez dix-neuf chances sur vingt de voir cette œuvre tomber dans un monde sourd et muet. […] s’il pouvait tout réduire en cubes, comme font les peintres, l’univers ne serait plus qu’un jeu d’enfant et la pensée nous deviendrait légère comme la plume au vent ! […] Les qualités qu’il faut priser entre toutes, chez l’écrivain qui s’adonne à la critique, sont la bonne fol et l’ouverture de l’esprit, accompagnées du désir d’exprimer le plus nettement et le plus complètement possible sa pensée.

1795. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

« C’est ainsi, dit Pasquier, qu’il gagna pied à pied une partie de nostre France. » Il se fit connaître des savants par un traité en latin sur la clémence, imité de celui de Sénèque, et dont la pensée secrète était de protester contre le brûlement de quelques réformés ; mais on n’y remarqua d’abord que le savoir de l’auteur et l’abondance de ses citations, En 1534, Calvin avait engagé dans la Réforme Nicolas Cop, recteur de l’Université. […] Il poussa jusqu’à l’excès cette réaction contre les pratiques, qui avait été la pensée première du protestantisme. […] Il égale les plus sublimes dans ses grandes pensées sur Dieu, dont l’expression a été soutenue, mais non surpassée, par Bossuet. […] Pour Michel Servet, il n’est que trop vrai que Calvin l’avait, dans sa pensée, condamné à mort, sept ans avant qu’on lui fît son procès.

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