La nature, en même temps, lui créa dans Raphaël d’Urbin un émule et un rival ; ils s’admirèrent l’un l’autre en sentiment et ne se confondirent que dans la double immortalité qu’ils répandaient sur leur pays. […] XVI En remontant le cours des siècles, on ne trouve pas un autre exemple d’une monarchie entièrement fondée par le commerce, la fortune et l’estime que les simples vertus des citoyens étalèrent dans leur pays. […] Ils n’étaient point guerriers, ils ne voulaient point l’être ; leur pays natal était trop étroit pour les porter à la grande ambition des conquêtes ; les Apennins d’un côté, Rome inviolable de l’autre faisaient de la Toscane une avendie, un rien ; ils le comprirent et n’eurent que l’ambition pastorale et pacifique d’une famille de patriarches. […] Les Médicis ne voulaient ni de cette gloire soldée, ni de ces chutes honteuses ; ils préféraient leur rôle civique et leur croissance régulière par l’estime publique dans un pays prospère et libre.
Vers ce temps, Saint-Just, amoureux d’une jeune personne de Blérancourt, manqua sa poursuite, et on la maria à un notaire du pays. […] Nommé lieutenant-colonel de la garde nationale de Blérancourt, et l’un des meneurs du pays, il s’exerçait à la parole dans les questions d’intérêt local ; mais par goût il la faisait toujours laconique et brève. […] Ici le fanatisme reparaît et se donne carrière ; il s’agit, en effet, de refaire un pays de fond en comble, d’infuser dans les veines de tous ce qui n’est que le délire et la fièvre de quelques-uns. […] Un grand coup que vous frappez retentit sur le trône et sur le cœur de tous les rois ; les lois et les mesures de détail sont les piqûres que l’aveuglement endurci ne sent pas… On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous ; on travestit vos discussions, mais on ne travestit point les lois fortes : elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible.