Les uns trouvent qu’il a hideusement calomnié le pays qu’il a voulu peindre ; les autres, qu’il l’a peint hideux, c’est vrai, mais ressemblant. […] Assurément, l’auteur des Âmes mortes est un talent à sa manière, mais c’est un talent russe, et peut-être le plus russe de tous les talents de son pays. […] Il n’a point de personnalité, comme son pays, du reste, qui les a toutes, et qui, pour cela, n’en a aucune, aucune dont on soit fondé à dire : « Tenez ! […] » Eh bien, tel pays et tel homme ! […] Il était malade, affaibli ; il voyagea pour se refaire russe, pour se reprendre à son pays, pour le juger mieux !
Les querelles de religion auraient pu replonger l’Angleterre, au dix-septième siècle, dans l’état dont l’Europe était enfin sortie ; mais les lumières qui existaient déjà et dans les autres pays, et dans l’Angleterre même, s’opposèrent aux funestes effets de ces disputes vaines. […] Dans les pays où la tranquillité règne avec la liberté, on s’examine peu réciproquement. […] On pouvait si rarement se flatter en France d’influer par ses écrits sur les institutions de son pays, qu’on ne songeait qu’à montrer de l’esprit dans les discussions même les plus sérieuses. […] Ils reprochent avec vérité aux écrivains français leur égoïsme, leur vanité, l’importance que chacun attache à sa personne, dans un pays où l’intérêt public ne tient point de place. […] L’importance politique de chaque citoyen est telle dans un pays libre, qu’il attache plus de prix à ce qui lui revient du bonheur public, qu’à tous les avantages particuliers qui ne serviraient pas à la force commune.