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2349. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

En second lieu, ce qu’une littérature « sociale » a pour elle — dans le pays de George Sand et de Lamennais, de Voltaire et de Montesquieu, de Bossuet et de Racine, de Montaigne même et de Rabelais, — c’est d’être conforme à la tradition quatre ou cinq fois séculaire du génie français. […] Comment Chateaubriand a élargi et renouvelé le sentiment de la nature ; — d’un côté, par la splendeur du coloris dont il a revêtu les descriptions encore « monochromes » de Rousseau ; — par la manière dont il a étendu jusqu’aux proportions de la fresque les « miniatures » de Bernardin de Saint-Pierre ; — par l’ardeur de passion avec laquelle il s’est mêlé lui-même dans ses descriptions ; — et, d’un autre côté, par la diversité des tableaux qu’il a tracés ; — tantôt empruntant ses couleurs à la nature, vierge encore, des Amériques ; — ou tantôt dégageant de la nature moyenne et tempérée de son pays, la poésie qu’elle contient ; — et tantôt enfin rivalisant avec la campagne romaine de majesté, de tristesse et de mélancolie. — Mais il a de plus exprimé comme personne avant lui ce qu’il y a d’affinités secrètes entre la nature et l’homme ; — de relations et de « correspondances » ; — elles-mêmes représentatives d’une relation plus lointaine ; — qui est celle de la nature avec son auteur ; — et c’est par là que, dans son œuvre, le sentiment de la nature se lie au sentiment religieux.

2350. (1903) La pensée et le mouvant

Notre intelligence, ne trouvant alors dans le nouveau que de l’ancien, se sent en pays de connaissance ; elle est à son aise ; elle « comprend ». […] Ne trouverait-on pas des défauts du même genre à notre enseignement littéraire (si supérieur pourtant à celui qui se donne dans d’autres pays) ?

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