L’antiquité classique nous offre un exemple de cette opposition : la mythologie romaine est pauvre, celle des Grecs est surabondante.
C’est un triste et pauvre sujet que la révolte d’une petite peuplade américaine et sauvage, punie dans les montagnes du Chili de ses vaillants efforts pour reconquérir son indépendance : il fallait que l’auteur, dans le conseil inquisitorial de Philippe II, qu’il servit, et dans les cabinets commerçants de Londres où il séjourna, se fût bien vicié l’âme aux leçons de l’injustice envers l’Amérique pour armer des troupes contre les dernières victimes ralliées par le ressentiment des barbaries de Fernand Cortès et de Pizarre ; car ne les imputons pas à l’invincible et généreuse Espagne : de graves exemples nous ont appris qu’il est absurde de noircir les nations des crimes de leurs gouvernements et de leurs généraux ambitieux. […] Il s’attendrit à ses adversités : son esprit paraît le confident du sien, son cœur, l’ami de son cœur ; il recueille jusqu’à ses fragments d’écrits, jusqu’à ses moindres lettres où Camoëns, malade dans un hôpital, exprime son étonnement que la nature fasse du lit d’un pauvre le théâtre de tant de divers supplices.