Puis elle donnait aux pauvres… mettons un million. […] C’est comme si, ayant cent quatre-vingt mille francs — et pas d’héritiers naturels directs — vous faisiez, après votre mort, largesse de quinze louis aux pauvres de Jésus-Christ. […] Il faut apprécier ici la modestie et la finesse de sa pensée, quoique les pauvres en aient pâti. […] Si, d’avoir donné vingt millions aux pauvres, cela vous attire de telles oraisons funèbres, nous avons donc deux raisons pour une de garder notre bel argent. » Ces personnes se tromperaient. […] Il faut un grand effort, une extrême attention à écarter les prétextes égoïstes, beaucoup de petites victoires remportées sur soi, pour donner réellement aux pauvres, selon l’antique commandement, la dixième partie de son revenu, quand il la faut prélever sur un argent qu’on doit à son travail, et à un travail qui souvent nous est pénible jusqu’à l’angoisse.
Là-dessus la pauvre Berte se met à fondre en larmes. […] Pendant qu’Aliste est au lit, un peu avant le jour, Margiste introduit Berte dans la chambre sous je ne sais quel prétexte, probablement pour qu’elle s’assure si la pauvre Aliste est réellement morte en sa place. […] Tybert, le cousin, est prévenu avec deux hommes d’armes, et, avant le matin, la pauvre Berte, bâillonnée, voyage, pour être mise à mort, vers la forêt du Mans. […] A propos, n’est-ce donc pas à cause de tant marcher par la forêt, que ses grans piés, pauvre Berte ! […] La fausse reine a beau faire la malade et se cacher dans ses rideaux : elle est démasquée, chassée ; on brûle Margiste, et l’on cherche la pauvre Berte, mais sans la trouver.