Une passion triste, nous fait aimer durant un temps des livres assortis à notre humeur présente. […] L’homme dont je parle aimera mieux à soixante ans les comédies de Moliere, qui lui remettront si bien devant les yeux le monde qu’il a vû, et qui lui fourniront des occasions si fréquentes de faire des refléxions sur ce qu’il aura observé dans le cours de sa vie, qu’il n’aimera les tragédies de Racine, pour lesquelles il avoit tant de goût, lorsqu’il étoit occupé des passions que ces pieces nous dépeignent.
Toujours ferme dans ses principes, il fut éprouvé et non avili par ses passions. […] Bernardin de Saint-Pierre a plus de douceur sans avoir moins de passion. […] Il faut l’entendre parler de cette religion, qui « seule a connu que nos passions infinies étaient d’institution divine. […] Il s’unit avec une généreuse imprudence, et la passion cette fois l’inspira mieux que la sagesse. […] La nature appelle en vain à elle le reste des hommes ; chacun d’eux se fait d’elle une image qu’il revêt de ses propres passions.