Platon flétrit ensuite Homère, pour avoir donné aux dieux des passions humaines. […] XX Le dixième livre est une invective philosophique contre les passions et contre les poètes ; contre Homère principalement, le plus grand de tous. […] La division du peuple en professions arbitraires et infranchissables ; La suppression de la propriété, seule responsabilité de l’homme rétribué héréditairement par son travail ; La communauté des biens, c’est-à-dire de la misère ; La communauté des femmes et des enfants, qui supprime du même coup les trois amours dont se perpétue l’espèce humaine : l’amour conjugal, l’amour maternel, l’amour filial, et toutes les vertus aussi humaines que divines qui émanent de ces trois sources d’amour ; L’impudeur, aussi flagrante que l’impudicité, dans cette gymnastique des femmes de tout âge s’exerçant nues devant le peuple à des luttes dégoûtantes d’obscénité ; Le meurtre des enfants mal conformés, punissant le tort de la nature par la mort de ses victimes ; La population maintenue, au moyen d’une loi révoltante, au même nombre par l’immolation des hommes nés en dépit de la loi ; Les arts, proscrits de cette démocratie des métiers, de peur que l’esprit ne se corrompe par ses plus belles manifestations intellectuelles ; Enfin, on ne sait quel gouvernement de vieillards, écoliers jusqu’à cinquante ans dans des gymnases de sophistes, et n’arrivant au gouvernement qu’à l’âge où les passions généreuses meurent généralement dans l’homme en même temps que les passions fougueuses, c’est-à-dire un gouvernement d’eunuques sur un troupeau de brutes esclaves : Voilà, encore une fois, ce délire d’un philosophe que l’on continue à appeler le divin Platon !
Parce que ce Valjean est au fond un très vilain homme, un homme si pervers, si incorrigible, que moi, qui ai fréquenté les bagnes, j’en ai vu bien peu d’aussi foncièrement scélérats, d’aussi dénaturés, soit par leur dépravation naturelle, soit par le défaut de bonne éducation dans leur famille, soit par la passion innée et organique du vol et du meurtre, passion qu’on dit héréditaire dans certaines races d’hommes, comme chez le renard, le loup ou le tigre. […] Intéresser au crime quand le crime n’est que passion, c’est le chef-d’œuvre du paradoxe ; mais intéresser au crime quand le crime est atroce, comme l’assassinat du Christ par le Samaritain, c’est le crime du talent. […] À ses pieds ce qu’on peut cultiver et recueillir ; sur sa tête ce qu’on peut étudier et méditer : quelques fleurs sur la terre, et toutes les étoiles dans le ciel. » XII Nous venons de voir ce que c’est que le paradoxe en matière de sentiment sous la plume d’un écrivain de génie : une absolution de mauvais exemple chantée comme un Te Deum aux excès et aux forfaits de la démagogie de 1793 sur les lèvres d’un saint ; des maximes pernicieuses de fausse économie sociale dans la bouche d’un homme charitable égaré par sa passion de soulager le pauvre peuple.