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653. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

L’illustre poète Monti avait déjà expliqué cette partie essentielle du vers : ce cheval ailé d’Arsinoé n’était autre, selon lui, que l’autruche. […] Malheureusement tout cela n’est pas condensé, n’est pas composé ; l’auteur, trop patient à la recherche, ne s’inquiète de rien au-delà. « J’ignore, dit-il en un endroit, quels furent les lieux habités par Marius Philelphe pendant la plus grande partie de l’année 1453 ; il revint peut-être dans la rivière de Gênes. » Mais qu’est-ce que cela nous fait que Marius ait fait un pas de plus ou de moins, qu’il ait perdu quelques mois de plus ici ou là ? […] Dans ce qu’il a écrit Sur la littérature des Goths et sur la partie profane de cette littérature, sur les traditions héroïques dont l’origine remonte au temps d’Attila, et qui ont été la source des grands poèmes germaniques du Moyen Âge, Favre a été plus achevé, ou du moins un peu plus pressé d’arriver ; sa forme y a gagné, sinon pour la rapidité, du moins pour la cohésion et pour la suite : c’est qu’il a publié ce morceau dans la Bibliothèque universelle de Genève en 1837, et que la publicité oblige. […] Guillaume Favre ne paraît pas s’être posé ces questions, ni s’être jamais pris à partie lui-même sur son mode de développement toujours servi par les circonstances ; il apportait dans les lettres un esprit et une méthode d’observation positive ; il ne songeait qu’à la vérité du fait qu’il poursuivait et à sa propre satisfaction individuelle.

654. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

La première partie du moins, qui contient la narration de sa vie jusqu’à l’âge de cinquante-cinq ans, est tout à fait intéressante ; on est bien aise d’y trouver quantité d’anecdotes littéraires ou historiques qui ne sont point ailleurs. […] Ses fréquents voyages, ses longs séjours à Paris et ses assiduités à l’hôtel de Nevers n’expliquent qu’en partie cette négligence. […] Les désordres qu’il signale et dénonce dans son mémoire, et dont les moins répréhensibles étaient des parties de chasse ou de paume qu’on allait faire « à des quatre ou cinq lieues de là », n’ont rien de nouveau, et l’histoire de l’abbaye de Villeloin était celle de bien des monastères dégénérés à la fin du xvie et au commencement du xviie  siècle. […] Il n’a pas été ridicule en tout ; il a été connaisseur en de certaines parties rares qui sont de plus en plus prisées.

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