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563. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Je crois qu’ils ont tort, — du moins en partie. […] Or, que retrouvons-nous à l’origine de la nouvelle et définitive période de violences qui remplit la troisième partie du dix-septième siècle ? […] La vérité est celle-ci :‌ 1° L’épiscopat français, Bossuet en tête, a préparé, organisé, dirigé la persécution religieuse qui remplit la troisième partie du dix-septième siècle français.‌ […] En quelle partie de sa métaphysique, de sa morale, de ses sermons, de ses oraisons, de ses histoires, s’est-il prouvé original ou génial, créateur ou intuitif ? […] Leurs descendants sont en partie retournés à Metz et constituent avec des noms français la population la plus antifrançaise de toute l’Alsace-Lorraine.

564. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Insistant sur l’utilité dont peut être une bonne dialectique pour prémunir contre les faux jugements : « Il est certain, dit-il, que la lecture fréquente des ouvrages de Bayle donne à l’esprit une certaine volubilité sur cette matière, qu’il ne tiendra jamais uniquement des avantages de la nature. » Tout en recommandant particulièrement à son frère quelques écrits de son auteur de prédilection, il ajoute que lui-même est occupé de faire imprimer en ce moment un extrait du Dictionnaire ; il compte que cet abrégé, qui porte principalement sur la partie philosophique de l’ouvrage, se répandra dans le public et pourra être utile : Je suis persuadé que la mauvaise conduite de la plupart des hommes vient moins d’un principe de méchanceté que d’une suite de mauvais raisonnements ; et je crois par conséquent que si on pouvait leur apprendre à raisonner d’une façon plus juste et plus conséquente, leurs actions s’en ressentiraient d’une manière avantageuse. […] Pendant que Frédéric s’appliquait, après tant de désastres, à rétablir toutes les parties de l’État qui avaient souffert, soignant l’agriculture et l’industrie, attirait chez lui les populations voisines, faisait bâtir des villages, rendait à l’armée sa discipline et le ton de solidité qu’elle avait autrefois, et, en cela comme dans le veste, moins inventeur et novateur que praticien, « se bornait à donner par la routine, par de continuels exercices, aux officiers et aux troupes, l’intelligence et la fermeté dans tous les mouvements, pour être sûr d’eux à l’occasion s’il était nécessaire de les employer dans le sérieux » ; pendant que chaque jour, depuis le matin jusqu’à la nuit, il remplissait ainsi en conscience son devoir de chef et de tuteur de peuple, il fut atteint de la plus cruelle des douleurs. […] Cette partie de la correspondance aujourd’hui publiée est d’un extrême intérêt politique ; quelques-unes de ces lettres de Frédéric à son frère étaient faites pour être vues, les autres n’étaient que pour lui seul. […] Il faut espérer que le repos la remettra, du moins en partie. […] Pendant tout le séjour qu’il a fait à Paris, il venait constamment à mes soirées musicales, ne redoutait point la présence des premiers virtuoses, et je ne l’ai jamais vu refuser de faire sa partie dans un quatuor à côté de Viotti, qui jouait le premier violon.

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