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713. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

. — Quant à la troisième langue dont parle César, Fauriel, qui la nomme proprement le gaulois, ne sait trop où en placer le siège ; il ne croit pas qu’il en reste aujourd’hui de vestige vivant, mais il ne doute pas qu’elle ne fût parlée au ve  siècle dans quelques cantons particuliers de la Gaule, et il cite à ce propos un passage curieux de la vie de saint Martin, par Sévère Sulpice : « On sait, dit Fauriel, que cette vie de saint Martin est écrite dans la forme d’un dialogue où figurent trois interlocuteurs, Posthumianus, Gallus, et Sulpice Sévère lui-même. […] La variété des dialectes et (comme dit Pasquier) des ramages particuliers devait être sans nombre. […] et vous tous dont l’idiome vulgaire se rattache aux idiomes de ces peuples, vous êtes sans doute surpris et charmés des identités frappantes, des analogies incontestables que vous découvrez sans cesse entre vos langages particuliers. […] Mais on ne voit aucune raison suffisante à cette grande uniformité première, et tout indique, au contraire, que la diversité, d’abord, dut être extrême, infinie ; que sur chaque point, dans chaque bassin, les choses ont dû se former d’après quelques conditions générales sans doute, mais aussi d’après les éléments particuliers préexistants et avec des différences que la raison indique, et que deux ou trois mots, une phrase grossière transmise par hasard, dans quelque chronique latine, et commentée à grand renfort de science, ne sauraient effacer ni démentir. […] Burguy qui parle), je n’ai rien trouvé qui pût justifier ce grave reproche, Fallot, ne l’oublions pas, avait l’intention d’écrire une grammaire générale des dialectes français et non pas d’un dialecte particulier ; il a donc été obligé de généraliser autant que possible, s’il ne voulait pas accumuler une masse de particularités locales et secondaires, qui auraient fait de son travail une indigeste composition.

714. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Son délire, ce délire particulier aux maladies du cerveau, et qui fait, aux vieux comme aux jeunes, repasser, dans les dernières heures de l’agonie, les sensations de leur vie — son délire était à la fois doux et déchirant. […] Et son toucher à lui était particulier, on peut dire que c’était une caresse. […] Puis ici, le paysage a une luminosité particulière. […] Il y a là, certes, une qualité délicate de dévouement particulière à la femme, et que l’homme ne possède jamais d’une manière si réglée, si continue, si persistante. […] Dans les tapisseries modernes, exposées là, il ne se trouve plus rien de cet art particulier, de cette création conventionnelle, qui faisait des tableaux de laine et de soie, d’après des lois et une optique, qui ne sont ni les lois ni l’optique de la peinture à l’huile.

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