Il y a là, en effet, un talent, indéniable et très particulier, qui vient précisément de cette nature composite que j’ai signalée, où le poète et le métaphysicien se font échec l’un à l’autre et produisent, en se choquant, ce brillant hybride qui fut Diderot.
Or, chez lui, la multitude des formes ne sert pas à l’élucidation des idées ; la lumière dont il les environne est une lumière abondante, mais diffuse, qui dévore ou plutôt, qui abolit les contours, qui engloutit toutes les vérités particulières dans une vérité générale, indéterminée, insaisissable. […] Privé du secours de cette leçon vivante, le critique pourrait poser des prémisses très vraies, et déduire de ces prémisses des conclusions irrécusables ; mais il ne porterait pas la lumière de la dialectique dans toutes les parties de la discussion, ou plutôt il ne poserait pas tous les problèmes particuliers compris dans un problème général, parce qu’il ne lui serait pas donné d’entrevoir tous ces problèmes par la seule force de l’induction.