Il faut bien en prendre mon parti. […] Le critique pose la plume, quand on lui jette à la tête des noms de partis, et qu’on décline son autorité, sous prétexte qu’il a pris couleur. […] S’il était le héros d’un parti, hors de ce parti il courrait risque de ne tomber qu’en des mains ennemies ou insouciantes. […] D’ici à un an peut-être, je changerai encore, la matière n’étant pas de celles sur lesquelles il soit nécessaire de prendre un parti immédiat et définitif. […] Mais le public ne prend point parti, et les clefs forées ne sortent point des poches.
Le gouvernement, à ce qu’on assure, est fort effrayé de ces démonstrations publiques, et les journaux du parti rétrograde et stationnaire ne négligent rien pour augmenter ces frayeurs, pour réprimer ces élans de piété patriotique. […] Comme, selon ce parti, l’ordre actuel n’est que la continuation de la Restauration sous un autre roi, ceux qui furent à leurs risques et périls contre la Restauration et qui, la jugeant de bonne heure incorrigible et funeste, conspirèrent pour en délivrer la France, ceux-là peuvent bien être tolérés aujourd’hui, et on consent apparemment à ne pas trop les inquiéter sur le passé ; mais il ne faut pas qu’ils se vantent trop haut de leur résistance d’autrefois, de leurs efforts périlleux ; il ne faut pas surtout qu’ils songent à nous donner comme des victimes publiques leurs compagnons morts sous la hache pour avoir voulu hâter des jours meilleurs. — Et puis, voyez-vous, qu’est-ce que ces pertes obscures dont on prétend faire tant de bruit ? […] Et s’il eût pris parti, je ne crois pas que c’eût été en ce moment-là pour ceux qui avaient laissé s’engager l’insurrection. […] Sainte-Beuve disait quelquefois que, si son père eût pris parti sous la Révolution, il eût été pour les Girondins. […] Mais leur tempérament à tous deux était trop virgilien pour n’être pas éloignés l’un et l’autre de tous excès et de tout crime, comme la politique entraînait alors les partis à en commettre. — Et en venant, un jour des dernières années, à parler de la plus récente de ces commotions politiques, où la terreur, qui n’était cette fois ni rouge ni blanche (puisque c’est ainsi qu’on désigne les deux autres), s’est de nouveau répandue sur la France, il me dit textuellement : « J’ai été pour le 2 avec tous les hommes de bon sens qui avaient besoin de s’appuyer sur quelque chose de solide et de stable ; mais je n’étais pas pour le 3… » Et il avait longtemps ignoré les journées du 3 et du 4, dans le grand silence qui se fit alors. — De même, et par un mot analogue, Mme de Staël avait réprouvé autrefois les déportations dont le 18 fructidor, qu’elle avait appuyé, avait donné le signal.