D’autres nations ont égalé et dépassé la France dans la sculpture, la peinture, la musique ; mais aucune ne saurait rivaliser avec elle pour la richesse de la littérature ; c’est que l’art de la parole écrite se prête mieux que tout autre à l’analyse psychologique, à la discussion des idées ; et que le caractère essentiel de l’esprit français n’est ni plastique, ni sentimental, mais intellectuel.
Aujourd’hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt par une après-midi d’automne sous des feuilles jaunes, et j’étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu’on se disait et le soleil rouge qui faisait s’entre-fermer leurs paupières noyées d’amour. […] Il n’est pas surprenant que dans une vie où les esprits sont aussi rapprochés que dans la nôtre, les mêmes problèmes se posent à plusieurs d’entre eux ; le premier qui trouve une solution acceptable a des chances de se voir imiter par ceux pour qui sa parole remplace l’occasion, condition ordinaire de l’invention.