Ainsi, dans le cas des états internes actuels, la connexion est moins étroite, et la détermination du présent par le passé, laissant une large place à la contingence, n’a pas le caractère d’une dérivation mathématique ; — en revanche, la présentation à la conscience est parfaite, un état psychologique actuel nous livrant la totalité de son contenu dans l’acte même par lequel nous l’apercevons. Au contraire, s’il s’agit des objets extérieurs, c’est la connexion qui est parfaite, puisque ces objets obéissent à des lois nécessaires ; mais alors l’autre condition, la présentation à la conscience, n’est jamais que partiellement remplie, car l’objet matériel, justement en raison de la multiplicité des éléments inaperçus qui le rattachent à tous les autres objets, nous paraît renfermer en lui et cacher derrière lui infiniment plus que ce qu’il nous laisse voir. — Nous devrions donc dire que l’existence, au sens empirique du mot, implique toujours à la fois, mais à des degrés différents, l’appréhension consciente et la connexion régulière. […] La conception parfaite des genres est sans doute le propre de la pensée humaine ; elle exige un effort de réflexion, par lequel nous effaçons d’une représentation les particularités de temps et de lieu.
Si d’autre part on songe qu’ils ont créé des mœurs et une civilisation qui, à travers mille changements superficiels, sont encore les nôtres ; que l’épanouissement de leurs œuvres a coïncidé avec la période la plus brillante de notre histoire, avec le moment où les forces vives de notre pays ont atteint leur maximum d’intensité et leur parfait équilibre, on avouera que nous pouvons assez glorieusement nous réclamer de tels ancêtres intellectuels. […] Si tel est l’objet de notre art, il devient évident que nous devons avant tout nous préoccuper des exemplaires les plus parfaits de la vie, puisqu’ils épuisent en quelque façon toute la force de notre principe. […] Chaque partie est tellement complète en soi et la somme des parties conspire en un organisme tellement parfait que l’œuvre entière semble isolée et suspendue dans le vide comme la terre dans l’espace.