J’eus cependant la force de lui demander s’il vivait encore, lui et Paul Émile, mon père, et tous ceux que nous regardons comme n’étant plus. […] voici ton père qui vient vers toi !… Je vis mon père, et je fondis en larmes ; mais lui, m’embrassant, me défendit de pleurer… « Dès que je pus retenir mes sanglots, je dis : Ô mon père, modèle de vertus et de sainteté, puisque la vie est en vous, comme me l’apprend l’Africain, pourquoi resterais-je plus longtemps sur la terre ? […] « Vous voyez cette maison, et ce qu’elle est aujourd’hui : elle a été agrandie ainsi par les soins de notre père. […] Le père et le sage n’y sont-ils pas au niveau de l’écrivain ?
Ce n’est plus qu’un fils, et un très petit fils de Rousseau, qu’eût renié Rousseau ; car il s’est défait de la notion de Dieu, la meilleure chose de la succession de son père, et vous savez qu’il n’en fallait pas tant pour que ce respectable père méconnût et reniât son fils ! […] Proudhon le démocrate, Proudhon qui, en définitive, procède de Rousseau, quoiqu’il l’ait dépassé et nié ; car tous ces bâtards renient leur père ! […] Fils de Rousseau, il étrangle à chaque instant les doctrines de son père. […] On dit qu’il a la pudeur de l’amour et le respect des os de ses pères. […] La science a gâté en lui la nature. « Tout homme qui « pense est un animal dépravé », a dit Rousseau, dont Proudhon est un des bâtards, mais cinquante fois plus fort que son père.