Voici la théorie de la famille : « Sitôt que le besoin que les enfants ont du père pour se conserver cesse, le lien naturel est dissous ; les enfants exempts de l’obéissance envers le père, le père exempt des soins qu’il devait aux enfants, rentrent également dans l’indépendance. […] Supposez, en effet, que le père en mourant emporte avec lui tout son droit de propriété dans la tombe, et que la propriété soit viagère dans le chef de cette société naturelle de la famille ; le père mort, que devient l’épouse, la veuve, la mère ? […] « Je n’ai pas seulement créé les pères », fait dire le sage persan au Créateur, « j’ai créé les fils et les générations des fils sur la terre. […] L’âge patriarcal, souveraineté paternelle absolue, mais providentielle, du père, première image de la souveraineté paternelle de Dieu, père universel de toute race, admet partout le droit d’aînesse dans l’hérédité, ou le droit absolu de tester en faveur du favori, du benjamin du père ; le père se continue dans celui que Dieu lui a envoyé le premier, ou dans celui qu’il a choisi pour son bien-aimé parmi ses frères. […] Cet instinct du père de famille, dans la démocratie même, prévaut sur les abstractions philosophiques qui ne voient que l’individu.
Le père l’exhorte à se faire violence. […] Et le père de le prendre comme un bon conseil, et de se promettre de ne pas l’oublier. […] » Et la manière plaisante dont l’interlocuteur s’en corrige aggrave les confidences du père : « Je ne m’expliquais pas assez, mon père. […] Le père ne se fâche pas moins. […] Pour quelques-uns d’entre nous, ce père pourrait bien être une ancienne connaissance.