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415. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Que d’ouvrages entrepris pour servir utilement les hommes, pour l’éducation des enfants, pour le soulagement des malheureux, pour l’économie politique, la législation criminelle, les sciences, la morale, la métaphysique ! […] Les Français feraient un livre mieux que les Anglais, en leur prenant leurs idées ; ils les présenteraient avec plus d’ordre et de précision : comme ils suppriment beaucoup d’intermédiaires, leurs ouvrages exigent plus d’attention pour être compris ; mais la classification des idées y gagne, soit par la rapidité, soit par la rectitude de la route que l’on fait suivre à l’esprit En Angleterre, c’est presque toujours par le suffrage de la multitude que commence la gloire ; elle remonte ensuite vers les classes supérieures. […] Les Anglais, dans leurs poésies, portent au premier degré l’éloquence de l’âme ; ils sont de grands écrivains en vers ; mais leurs ouvrages en prose participent très rarement à la chaleur et à l’énergie qu’on trouve dans leurs poésies. […] On applique en Angleterre l’esprit des affaires aux principes de la littérature ; et l’on interdit dans les ouvrages raison nés tout appel à l’émotion, tout ce qui pourrait influencer le moins du monde le libre exercice du jugement. […] Burke, le plus violent ennemi de la France, a, dans son ouvrage contre elle, quelques rapports avec l’éloquence française ; mais quoiqu’il ait des admirateurs en Angleterre, on y est assez tenté d’accuser son style d’exagération autant que ses opinions, et de trouver sa manière d’écrire incompatible avec des idées justes.

416. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Un moine bénédictin, scandalisé des ouvrages d’Abailard, y trouvant des choses hardies, & les croyant erronées, en donne avis à saint Bernard par une lettre conçue en ces termes : « Pierre Abailard enseigne, écrit des nouveautés. […] Parmi les propositions qu’on anathémarisoit dans ses ouvrages, on remarquoit celles-ci : Il faut examiner avant que de croire… Nous ne tirons point d’Adam la couple du péché, mais seulement la peine… Il n’y a de péché que dans le consentement au péché… On ne commet aucun péché par la concupiscence, la délectation, ni l’ignorance : ce ne sont que des dispositions naturelles. […] Cependant Abailard, averti du scandale causé par ses ouvrages, avoit promis de se rétracter : mais il ne crut pas devoir le faire. […] L’abbé de Clairvaux y dénonça l’ouvrage qui l’avoit si fort révolté. […] Tout est illustre en lui, ses vertus, ses aïeux, Ses ouvrages, sa mort, ses miracles nombreux, Son rang parmi les saints dans le bonheur suprême, Son esprit transporté de l’aspect de Dieu même.

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