J’ose entreprendre d’éclaircir ce paradoxe et d’expliquer l’origine du plaisir que nous font les vers et les tableaux.
Quoique l’immensité de la distance ne nous laisse entrevoir qu’à demi et sous un jour douteux l’origine des espèces1, les événements de l’histoire éclairent assez les événements antérieurs à l’histoire, pour expliquer la solidité presque inébranlable des caractères primordiaux. […] C’est d’après cette loi que se forment les grands courants historiques, j’entends par là les longs règnes d’une forme d’esprit ou d’une idée maîtresse, comme cette période de créations spontanées qu’on appelle la Renaissance, ou cette période de classifications oratoires qu’on appelle l’âge classique, ou cette série de synthèses mystiques qu’on appelle l’époque alexandrine et chrétienne, ou cette série de floraisons mythologiques, qui se rencontre aux origines de la Germanie de l’Inde et de la Grèce. […] La famille est un État naturel, primitif et restreint, comme l’État est une famille artificielle, ultérieure et étendue ; et sous les différences qu’introduisent le nombre, l’origine et la condition des membres, on démêle, dans la petite société comme dans la grande, une même disposition d’esprit fondamentale qui les rapproche et les unit. […] : Darwin, De l’origine des espèces. — Prosper Lucas, De l’hérédité.