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862. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Il se plaignait de n’être pas obéi, et il disait que Ricasoli, qu’il avait mandé, se refusait à venir, sous le prétexte d’un mal de pied, et que Cialdini voulait aller en avant… Comme je l’interrompais, lui disant qu’il n’avait qu’à donner des ordres. “Des ordres, des ordres, mais chez vous sont-ils obéis les ordres ? […] Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau.

863. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

La première condition est de savoir en perfection la langue dont on va apprécier les écrits, distinguer les emplois et les styles, peser les locutions et les mots ; c’est bien le moins quand on prétend s’ériger en censeur ; et pour cela il n’est que de commencer par lire, la plume à la main, et, s’il se peut, en observant l’ordre chronologique, tous les auteurs d’une langue : c’est là le premier point. […] Boissonade (et c’est un reproche qu’on lui a fait) s’adressa à des Grecs des temps postérieurs, à des compilateurs sans originalité, à des rhéteurs ou à des sophistes de second et de troisième ordre, et il se confina, il se cantonna exclusivement dans cette classe obscure d’auteurs inédits., laissant de côté (au moins dans ses publications et en tant qu’éditeur) les grands écrivains et les vrais classiques. […] Ici, il faut en convenir, il nous échappe complètement dans le détail, tout autant que si nous avions à apprécier un géomètre et un analyste d’un ordre élevé. […] Personne ne possédait mieux et ne citait plus volontiers, ne mettait plus souvent à contribution dans ses notes la littérature française du second ordre, le menu des auteurs et poètes du XVme siècle.

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