Puis tout à coup lui apparaît l’ombre du vieux Corneille, et il se console de quitter la Ville éternelle, en pensant qu’il la retrouvera tout entière dans les œuvres de notre grand tragique. […] Il dort, La fatigue l’accable, et dans l’ombre on conspire.
Soudain Ariel ou Puck, Scapin ou Dorine, Chérubin ou Fenella, merveilleux lutins, messagers malicieux et empressés, s’agiteront autour du maître, le tirailleront de mille côtés pour qu’il prenne garde à leurs êtres chéris, à leurs amants séparés, à leurs princesses malheureuses ; ils les évoqueront devant lui, comme dans l’Élysée antique le devin Tirésias, ou plutôt le vieil Anchise, évoquait les âmes des héros qui n’avaient pas vécu ; ils les feront passer par groupes, ombres fugitives, rieuses ou éplorées, demandant la vie, et, dans les limbes inexplicables de la pensée, attendant la lumière du jour. […] C’était un rêve d’innocence, Et qui le faisait sangloter, De penser que, dès son enfance, Il aurait pu ne pas quitter Port-Royal et son doux rivage, Son vallon calme dans l’orage, Refuge propice aux devoirs ; Ses châtaigniers aux larges ombres, Au dedans les corridors sombres, La solitude des parloirs.