l’eau-forte aboutit à la vignette, les beaux vers pittoresques aux petits vers. « Nigaud, lui dit son amoureuse, c’est ton ombre dont tu avais peur. L’ombre qui te suit, c’est un veuf en peine. Dieu fit les ombres pour aller par paires. Marions-nous, et nos deux ombres se consoleront, et, dans neuf mois, de nos deux ombres il en sortira une troisième, et ainsi de suite ; et, à ce compte, quand nous serons douze, nous serons vingt-quatre, toute une armée pour mettre la peur en déroute. » J’y songeais, dis-je, ô ma Lucy ! Mais vingt-quatre est un bien gros nombre : Moitié, c’est déjà grand souci, Même en lui retranchant son ombre.
Le désert sans arbres se montre de toutes parts sans ombre ; ce n’est que dans les bâtiments du monastère qu’on retrouve quelques voiles de la nuit. […] Sous ces bois jaunissants j’aime à m’ensevelir ; Couché sur un gazon qui commence à pâlir, Je jouis d’un air pur, de l’ombre et du silence. […] Cependant sur ces murs l’obscurité s’abaisse, Leur deuil est redoublé, leur ombre est plus épaisse ; Les hauteurs de Meudon me cachent le soleil ; Le jour meurt, la nuit vient ; le couchant, moins vermeil, Voit pâlir de ses feux la dernière étincelle. […] Palmier, qui rafraîchis la plaine de Syrie, Ils venoient reposer sous ton ombre chérie ! […] On dit même en ces lieux, par ton ombre chéris, Qu’un long gémissement s’élève chaque année, À l’heure où se forma ton funeste hyménée.