Il ressemble à l’ombre du poëte persan : fuyez-le, il vous suit ; suivez-le, il vous fuit. Et voilà pourquoi surtout le monde s’est précipité, sans l’atteindre, vers cette ombre vague de moine blanc, masqué jusqu’aux yeux de son capuchon, et qui fuit tout là-bas, dans les entrecolonnements d’on ne sait plus quel monastère ! L’ombre blanche est restée pour jamais une ombre fuyante. […] Il y a des choses cent fois dignes de l’auteur de Polyeucte dans sa paraphrase, mais c’est précisément pour cela qu’il ne traduit pas ce livre d’ombre fait par une ombre qui n’a qu’une voix comme un souffle, — la voix de l’esprit, — et qui semble sortir d’un in-pace.
s’accordent à reconnaître, jusqu’à un certain point, plus de doutes et de tentations à mesure qu’on est plus avancé, tandis qu’à un degré inférieur, l’âme encore faible et tout éblouie de son passage de la nuit au jour, ne sait plus, pendant quelque temps, distinguer les ombres. […] Il entend au dedans de lui une voix secrète qui lui dit : « Puisque l’ombre redouble, que le froid de la nuit se fait sentir, et que tu as marché tout te jour, prends courage, c’est que tu n’es pas loin d’arriver. » Dès lors la chaîne des saintes idées se renoue ; le souvenir de Dieu redescend, de ce Dieu fait homme, dont le dernier soupir, la dernière voix fut aussi une plainte à son père, un pourquoi sans réponse. […] Et qui m’eût dit alors qu’un jour la grande image De ce Dieu pâlirait sous l’ombre d’un nuage, Qu’il faudrait le chercher en moi comme aujourd’hui, Et que le désespoir pouvait douter de lui ? […] il est trop vrai, ton éclipse est bien sombre ; La terre sur ton astre a projeté son ombre ; Nous marchons dans un siècle où tout tombe à grand bruit. […] qui sait si cette ombre où pâlit ta doctrine Est une décadence ou quelque nuit divine, Quelque nuage faux prêt à se déchirer, Où ta foi va monter et se transfigurer ?