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552. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Oui, la nature m’offre encore ses douces et consolantes distractions ! […] Le second volume offre quelques défauts qui tiennent au romanesque : je crois sentir que l’invention y commence. […] Un grand poëte, le Tasse, sujet à l’illusion comme Mme de Krüdner et idéalement touchant comme elle, dut, ce me semble, offrir à sa pensée, dans le tableau qu’elle essaya, quelques tons de la même harmonie, et je me figure que cette Othilde pouvait être écrite et conçue dans la couleur de Clorinde baptisée. […] elle ne sait pas tout, mais elle voit qu’une peine affreuse me consume ; elle m’a gardé trois heures pour me consoler ; elle me disait de prier pour ceux qui me faisaient souffrir, d’offrir mes souffrances en expiation pour eux, s’ils en avaient besoin. » Et ailleurs : « … Je suis une lyre que l’orage brise, mais qui, en se brisant, retentit de l’harmonie que vous êtes destinée à écouter… Je suis destiné à vous éclairer en me consumant… Je voudrais croire, et j’essaie de prier… » Par malheur pour Benjamin Constant, ces élans qui se ranimaient près de Mme de Krüdner, et qui étaient au comble pendant la durée du Pater qu’il récitait avec elle, ne se soutinrent pas, et il retomba bientôt au morcellement, à l’ironie, au dégoût des choses, d’où ne le tiraient plus que par assauts ses nobles passions de citoyen213.

553. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Quand on repousse brutalement un artiste hors pair comme Charles-Louis Philippe, on s’offre une faillite carabinée et on n’a plus qu’à fermer boutique. […] Mais ces mutations sont la vie du monde et elles offrent d’agréables joies spirituelles à notre observation. […] Georges Pioch Quand bien même tous ceux qui répondront à votre enquête seraient d’accord pour souhaiter la suppression des prix littéraires, ces prix n’en seraient pas moins offerts — ce qui est assez naturel puisqu’ils sont fondés — ni moins sollicités : — ce qui ne fait honneur à personne. […] À mon avis, et en jugeant à première vue, le meilleur moyen serait de leur offrir, moyennant une somme très réduite, ou en échange d’un travail de deux ou trois heures par jour qui leur laisserait le reste du temps libre, une retraite à la campagne, une sorte d’université-hôtel, si je puis employer une expression aussi singulière, s’inspirant, mais en abandonnant tout ce qui est enseignement, des universités anglaises.

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