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12. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Celui qui a le sentiment vif de la couleur, a les yeux attachés sur sa toile ; sa bouche est entrouverte, il halète ; sa palette est l’image du chaos. […] L’œil tendre et faible ne sera pas ami des couleurs vives et fortes. […] Un demi-connaisseur passera, sans s’arrêter, devant un chef-d’œuvre de dessin, d’expression, de composition ; l’œil n’a jamais négligé le coloriste. […] Peu à peu il se fait un technique qui l’enchaîne et dont il ne peut ni s’affranchir ni s’écarter ; c’est une chaîne qu’il s’est mise à l’œil, comme l’esclave à son pied. […] Si elle enflamme le visage, les yeux sont ardents ; si elle est extrême et qu’elle serre le cœur au lieu de le détendre, les yeux s’égarent, la pâleur se répand sur le front et sur les joues, les lèvres deviennent tremblantes et blanchâtres.

13. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Poésie et amour se confondirent toujours à ses yeux, et c’est de lui, dans une Épître à Victor Hugo, que sont ces vers que j’aime à citer comme la devise du poëte élégiaque, et qui le peignent lui-même tout entier : Il est aussi, Victor, une race bénie Qui cherche dans le monde un mot mystérieux, Un secret que du Ciel arrache le génie, Et qu’aux yeux d’une amante ont demandé mes yeux. […] pourquoi dans tes yeux cette douleur rêveuse, Ce trouble en tes discours ? […] Ainsi nul œil, Ulric, n’a mesuré les ondes De tes fortes douleurs, etc. […] Elle n’en était pas restée longtemps au ton du début, quand Alfred de Musset lui parlait comme un jouvenceau à un Byron : Ulric, nul œil des mers, etc. […] J’ai sous les yeux une querelle en vers engagée à Bury (près Montmorency), maison de campagne de Tattet, entre Ulric et les deux Alfred.

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